Inès, première stagiaire française à la Deutsche Bundesbank
Inès Karmous, ENSAI promo 2020, a rejoint la banque centrale allemande dans le cadre de son stage de fin de Master Évaluation et Décision Publiques. Sa mission durant cinq mois à Francfort : le partage sécurisé de données via la réalisation d’une régression grâce au calcul multipartite sécurisé. Elle est la première stagiaire fonctionnaire française à avoir été accueillie dans un organisme international.
Actuellement responsable aux comptes des sociétés financières et du patrimoine au sein du département des comptes nationaux de la Direction Générale de l’Insee, Inès Karmous partage son expérience outre-Rhin.
L’ENSAI comme tremplin vers l’économie monétaire et financière
Inès Karmous : « Après un baccalauréat Scientifique, j’ai choisi de suivre la classe préparatoire B/L. J’y ai développé une appétence pour les sciences économiques et sociales. Mes professeurs m’ont fait découvrir l’ENSAI, une école qui me permettrait de continuer à la fois les mathématiques et les sciences sociales.
La variété des matières enseignées et des débouchés possibles (Insee et Services Statistiques Ministériels) avec le parcours Statisticien Public m’a tout de suite séduite.
J’ai intégré l’école avec l’ambition de travailler dans les domaines de l’économie monétaire et financière.
Au début de ma scolarité à l’ENSAI, j’ai découvert le Master Évaluation et Décision Publiques . J’y ai vu l’opportunité d’obtenir une certification officielle de mon niveau. En effet, j’ai l’ambition de travailler dans des organismes internationaux, cela me permet donc d’avoir un diplôme reconnu au niveau européen grâce au label EMOS.
Un stage à la Deutsche Bundesbank, premier pas vers une carrière internationale
Lors de la sélection dans le Master Évaluation et Décision Publiques j’ai exposé mon souhait de travailler un jour dans le domaine de l’économie monétaire et financière au niveau international. À la suite de mon admission, j’ai pu être mise en relation avec le département de statistiques de la Deutsche Bundesbank, la banque centrale allemande.
Ce choix est la résultante de deux vœux de ma part : découvrir le monde de la finance publique et l’économie monétaire d’une part et de l’autre, avoir une expérience dans un organisme international. La banque fédérale d’Allemagne permet d’allier ces deux volontés. Ce stage m’a permis de découvrir une organisation et un univers très différents de la statistique publique française.
J’ai commencé mon stage en mars, soit une semaine avant le début du confinement en France. J’ai pu réaliser une semaine en présentiel puis, bien qu’il n’y ait pas eu de confinement dans le Land de la Hesse, le reste de mon stage s’est déroulé en télétravail. Contrairement à plusieurs stagiaires qui se sont retrouvés confrontés au problème de disponibilité des outils et des bases de données, j’ai pu poursuivre mon stage. Cependant, les conditions et la distance physique avec l’organisme ont été des contraintes auxquelles il a fallu s’adapter.
J’ai réalisé ce stage de cinq mois dans le département des statistiques de la Deutsche Bundesbank à Francfort sous la direction de Jens Mehrhoff. Le sujet de mon stage était le partage sécurisé de données et plus particulièrement la réalisation d’une régression grâce au calcul multipartite sécurisé.
Mission : produire des statistiques fiables sans compromettre la sécurité des données
L’objectif est de permettre à différents organismes de réaliser des travaux statistiques tout en garantissant la protection des données : produire des statistiques fiables sans réaliser de compromis sur la sécurité des données.
J’ai ainsi d’abord réalisé un travail de recherche scientifique. Ensuite, j’ai réalisé une simulation afin de démontrer l’efficacité de la méthode et d’évaluer la quantité d’information qu’elle est capable de garantir.
Le calcul multipartite sécurisé sur lequel j’ai développé mes recherches est la somme sécurisée. Elle repose sur un concept simple : si on somme un nombre aléatoire à un nombre non aléatoire, le résultat est aléatoire. La protection des données repose sur ce principe et donc les principaux outils utilisés ont été les nombres aléatoires.
À partir de ce concept, tous les outils statistiques habituels peuvent être décomposés sous forme de sommes dont la régression, qui permet de quantifier la relation entre plusieurs variables économiques par exemple. Cela permet donc d’échanger des données ou de produire des statistiques en créant des sommes aléatoires.
À l’ère où l’expansion du partage et de la collecte de données se confrontent à la nécessité de protéger les données, cette méthode propose au contraire de ne plus partager de données sans pour autant limiter la qualité du travail statistique produit.
Une expérience hors du commun
Ce stage à la Deutsche Bundesbank a été enrichissant à différents titres. Tout d’abord, j’ai pu découvrir l’organisation d’une banque centrale, qui diffère de celle des instituts nationaux. De plus, le fait de réaliser ce stage dans une banque centrale étrangère m’a permis d’appréhender une nouvelle manière de produire des statistiques.
Enfin, n’ayant jamais appris l’allemand avant cette année, cette expérience outre-Rhin a été une grande aventure qui restera mémorable. La Deutsche Bundesbank ne travaille pas nécessairement en anglais et toute la production en interne est réalisée en allemand. Néanmoins, l’anglais reste une langue mobilisée régulièrement lors des échanges récurrents avec les autres organismes du système européen des banques centrales.
À ce jour, les résultats et les conclusions de mon stage ont été présentés à mon tuteur. J’espère que mon travail pourra être mobilisé pour des échanges en interne ou externes de données afin de pallier une impossibilité légale de partager des bases de données ».
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